Biographie
La naissance d’une vocation
Sébastien Olivier Bourdais est né le 28 février 1979 au Mans, berceau de l’endurance automobile avec les légendaires 24 Heures du Mans qui s’y déroulent depuis 1923. Entre son lieu de naissance et la passion de son père Patrick pour le sport automobile (qui a connu de nombreux succès sur les circuits français et a couru aux 24h du Mans entre 1993 et 2006), on peut dire que Sébastien est tombé dans la marmite lorsqu’il était tout petit. C’est donc tout naturellement qu’il reçoit son premier karting en 1989 après avoir déjà passé d’innombrables heures à s’amuser sur son Piwi 50 et son ATC.
“Je m’en souviens comme si c’était hier, le jour où je lui ai donné son premier kart,” se rappelle Patrick. “C’était son anniversaire, sur le circuit d’Alain Prost au Mans.” Il continue: “J’ai senti que Sébastien était vraiment doué dès ses premiers tours, et il était rapidement descendu dans les chronos les plus rapides de la piste. Ses lignes étaient très fluides, et il ressentait déjà très bien le comportement de son kart.”
Les résultats des premières courses prouvent que Patrick a raison. Sébastien gravit rapidement les échelons de la hiérarchie nationale de karting, remportant la ligue Maine Bretagne en 1991, répétant cet exploit en 1993, et terminant 4ème du Championnat de France Cadets la même année. Même après sa transition vers la monoplace à l’âge de 16 ans, Sébastien continue à faire du karting. En 1996, Sébastien domine les 24h du Mans Karting au sein de l’équipe gagnante Sologne Karting.
La Monoplace
Sébastien signe le premier départ de sa carrière en monoplace en Formule Campus en 1995. “Lors d’une course à Dijon en Campus, Sébastien a mis une seconde au tour à ses concurrents sur une piste humide, puis sèche,” se souvient Patrick. “Il n’avait jamais roulé sur cette piste auparavant et pourtant, il a remporté les deux courses, en partant 16ème et 12ème!” Ce jour-là, dit Patrick, “j’ai compris que Sébastien pourrait faire carrière dans la course automobile.”
Sébastien passe rapidement au Championnat de France de Formule Renault en tant que membre de La Filière, créée par la compagnie pétrolière Elf. Une neuvième place au classement en 1996, suivie d’une deuxième place l’année suivante, lui permettent d’accéder au Championnat de France de Formule 3 en 1998, toujours avec La Filière. Au cours de sa première année dans cette série, Sébastien termine deux fois sur le podium et se voit attribuer le titre de Rookie de l’Année avec une sixième place au championnat. L’année suivante, il s’en sort encore mieux, capturant trois pôles, huit victoires et la première place du championnat.
Après avoir conquis le Championnat de France de Formule 3, Sébastien gravit l’échelon supérieur: la Formule 3000. Au cours des trois années suivantes, il connait trois équipes différentes—Gauloises Formula, DAMS, et Super Nova Racing—et progresse dans le classement de la neuvième à la quatrième place, pour enfin arriver à la victoire du championnat.
Pendant sa dernière année en Formule 3000, Sébastien a l’opportunité de devenir pilote d’essai pour l’écurie de Formule 1 Arrows Grand Prix International. Il n’aura malheureusement pas l’occasion de faire ses débuts dans la série tant convoitée l’année suivante puisque l’équipe fait faillite au début de la saison 2003. Une deuxième opportunité—celle-ci avec Renault—ne se concrétisera pas non plus.
4 fois Champion de Champ Car
Son rêve de rouler en Formule 1 différé, Sébastien s’installe aux États-Unis pour courir en Champ Car World Series avec Newman / Haas Racing, la meilleure équipe du paddock. Newman / Haas permet à Sébastien d’exprimer son talent d’entrée de jeu. Cinq pole positions et trois victoires propulsent le rookie au quatrième rang du championnat en 2003.
Entre 2004 et 2007, Sébastien—toujours avec Newman / Haas—écrit une nouvelle page de l’histoire du sport automobile en devenant le premier pilote à remporter quatre titres de série consécutifs. Il établit également un nouveau record du nombre de victoires en une seule saison: huit, en 2007.
En seulement cinq ans de carrière en Champ Car Sébastien affole les compteurs: sur 73 épreuves, il remporte 31 pôles et 31 victoires—soit un pourcentage de victoires de 42,4%—pour devenir le sixième pilote le plus victorieux de l’histoire de la série.
La F1 … Enfin
Le succès de Sébastien en monoplace est éloquent. Mais la seule chose qui lui manque est d’accéder enfin au Graal de l’automobile: la F1. Après les espoirs déçus de 2003, il doutait avoir un jour une nouvelle opportunité de courir dans cette catégorie.
“En 2006, j’avais peu d’espoir et j’étais prêt à abandonner,” se souvient Sébastien. “Puis j’ai reçu un appel téléphonique.” À l’autre bout de la ligne: Nicolas Todt. “Il s’était donné un défi, et c’était d’avoir un pilote français en F1,” explique Sébastien. “Il m’a dit qu’il pensait que j’étais la seule personne capable de le faire correctement.”
Trois séances d’essais convainquent les dirigeants de la Scuderia Toro Rosso que Sébastien est effectivement le français qui mérite un baquet en F1. Ils le signent pour la saison 2008, avec comme coéquipier un jeune allemand prometteur nommé Sebastian Vettel.
Bien qu’il roule avec le chassis de l’année précédente, Sébastien brille lors de ses débuts en Formule 1, à Melbourne. Pointant à la quatrième place à deux tours de l’arrivée, Sébastien tient la dragée haute à Heikki Kovalainen et au vétéran Fernando Alonso. Nul doute qu’il aurait maintenu cette position si une panne mécanique n’avait pas mit fin à sa course à deux tours de l’arrivée!
Après six courses, l’équipe dévoile sa nouvelle machine: la TR3. Sébastien a du mal à adapter son style de conduite à cette nouvelle voiture. Grâce à une mise à jour aérodynamique vers la fin de la saison qui réussit à son style de pilotage, Sébastien se qualifie toutefois dans le top 10 de six des sept dernières courses.
Ces améliorations de performance en fin de saison permettent à Sebastien de signer pour une saison supplémentaire avec la Scuderia Toro Rosso. En 2009 l’auto ne convient pas à un Sébastien de plus en plus frustré par la situation, et malgré ses belles performances à Melbourne et à Monaco, l’équipe décide de le remplacer après seulement cinq courses par le pilote espagnol Jaime Alguersuari avec qui ils veulent préparer la saison suivante.
L’INDYCAR
Après avoir participé avec succès à quelques courses de Superleague Formula à la fin de 2009 et au début de l’année 2010, Sébastien revient à la monoplace aux Etats-Unis grâce à Dale Coyne Racing qui lui propose un contrat pour prendre part aux épreuves sur circuits routiers et urbains dans la série IndyCar. “Nous avons terminé assez fort,” se souvient Sébastien, citant quatre sixièmes places en deuxième partie de saison.
En 2012, Sébastien passe chez Lotus Dragon Racing pour une saison complète en IndyCar. Malheureusement, dit Sébastien, “la fiabilité était un gros problème” avec les moteurs Lotus. À mi-saison, le propriétaire de l’équipe Jay Penske laisse tomber Lotus pour s’associer avec Chevrolet. Malheureusement cela a des conséquences financières pour l’équipe et Penske doit également prendre la décision de n’avoir plus qu’une seule auto que les deux pilotes doivent se partager pour le reste de la saison. Sébastien roule alors sur les circuits routiers et urbains (avec une belle quatrième place à Mid-Ohio), et Legge prend part aux courses sur ovales.
Sébastien re-signe avec Dragon Racing pour la saison 2013 et cette fois il participe à toutes les courses du calendrier IndyCar. Sa très belle deuxième partie de saison lui permet de renouer avec les podiums lors des deux courses de Toronto et également à Baltimore. Sébastien est encore plus impressionnant lors de la dernière couse de la saison sur l’ovale de Fontana. Après s’être qualifié en troisième position, Sébastien domine le premier quart de la course. “Nous avions l’auto pour gagner”, se souvient-il. Malheureusement, un incident sur la piste lui vaut une suspension abîmée, mettant fin à ses espoirs de victoire.
Dragon Racing abandonne l’IndyCar pour la Formule E en 2014. “Cela ne m’intéressait pas vraiment,” explique Sébastien. Il signe donc avec une autre équipe d’IndyCar: KVSH Racing. Sébastien retrouve enfin le chemin de la victoire à Toronto en 2014 (avec un départ en pole). L’année 2015 est encore plus fructueuse puisque Sébastien remporte la victoire lors de la deuxième course de Detroit ainsi qu’à Milwaukee. En 2016, il gagne de nouveau à Detroit (course 1). Mais cette période n’est pas sans frustrations, cependant. Les changements constants au sein du personnel et les ressources limitées son un gros frein au développement de l’équipe et donc à la performance. “C’était vraiment dommage parce que je pense qu’il y avait beaucoup de potentiel,” dit Sébastien de l’ère KVSH.
On peut considérer 2017 un peu comme un retour à la maison pour Sébastien qui signe de nouveau chez Dale Coyne Racing, mais avec ses ingénieurs de Newman / Haas et KVSH, Craig Hampson et Olivier Boisson. Les résultats sont immédiats et impressionnants: Sébastien remporte la première course de la saison à Saint-Petersburg, termine deuxième à Long Beach et se hisse au sommet du classement du championnat pour les quatre premières courses de la saison. Quand l’équipe—éternel outsider—arrive à Indy pour préparer la course d’Indy 500, “la voiture était une vraie-fusée,” se souvient Sébastien. Il était sur le point de s’offrir la pole position lorsqu’il est victime d’un terrible accident au troisième tour de sa tentative de qualification qui lui vaudra de multiples fractures au bassin, à la tête du fémur et aux côtes. “Tout s’est terminé de manière très abrupte pour moi ce samedi là en qualifications, et c’était la fin d’une saison très prometteuse,” se souvient Sébastien, bien qu’il ait réussi à se rétablir à temps pour participer aux trois dernières courses de la saison.
Laissant ce mauvais souvenir derrière lui, Sébastien signe une belle entrée en matière pour l’année 2018, s’imposant pour la deuxième fois consécutive à Saint-Petersburg, signant une magnifique pole position à Phoenix, et se hissant en deuxième place à Long Beach jusqu’à ce qu’un malheureux drapeau jaune ruine sa course. “Jusqu’à présent, 2018 semble être ouvert à tout et à n’importe qui,” explique Sébastien au sujet de ses chances de championnat. “Affaire à suivre!”
L’Endurance
Bien que la monoplace soit au centre de sa carrière, Sébastien s’est également construit un très beau palmarès dans les épreuves d’endurance sportive au fil des ans. Il participe à ses premières 24h dans sa ville natale du Mans en 1999, pilotant une Porsche 911 GT2 engagée par Larbre Compétition. Malheureusement, le moteur lâche avant l’arrivée.
L’année suivante, le quadruple vainqueur des 24 Heures du Mans, Henri Pescarolo, engage pour la première fois une voiture sous ses propres couleurs et charge Sébastien, avec Olivier Grouillard et Emmanuel Clérico, de la piloter. “Nous avons terminé quatrième avec une vieille voiture qui ne méritait pas vraiment d’être là,” se souvient Sébastien avec tendresse. En tout, il participe à 5 éditions des 24h du Mans avec Pescarolo, dont celle en 2012 au volant de la célèbre Dôme.
Des conflits entre les différents calendriers empêchent Sébastien de concourir au Mans en 2005, 2006, et 2008. Mais en 2007, et de 2009 à 2011, Sébastien—qui avait signé avec Peugeot en tant que pilote d’usine—fait son retour sur son circuit de prédilection avec la Peugeot 908 LMP1. 2007 fut “le tout début d’un nouveau programme,” explique-t-il. “La voiture n’avait jamais terminé une course ou une simulation de 24 heures ou quoi que ce soit de ce genre.” Et de manière assez incroyable, l’équipe a terminé deuxième aux 24h. “C’était comme une Victoire,” explique Sébastien. “C’était génial!”
Une autre deuxième place, celle de 2009, laisse quant à elle un goût amer. Sébastien se souvient: “Nous aurions dû gagner Le Mans haut-la-main, sauf que nous avons subi un problème mécanique qui nous a mis à trois tours d’entrée de jeu.” Il poursuit: “Mais on a réussi à récupérer notre retard dans les six premières heures de course et à 4h du matin nous n’étions plus qu’à 50 secondes de l’autre Peugeot. Nous avions un rythme incroyable.” Ensuite, “Audi a eu un problème, et Peugeot a décidé de figer les positions à ce moment-là. Pour moi, nous n’avons pas perdu sur la piste mais sur une decisions politique”—une expérience que Sébastien décrit comme “assez déchirante.”
En 2010 et 2011, Sébastien devient pilote à temps plein chez Peugeot. Un châssis délaminé anéantit sa course au Mans en 2010 après un départ en pole position. Et sa course de 2011, au cours de laquelle il fait équipe avec Pedro Lamy et Simon Pagenaud, compatriote et pilote d’IndyCar, aboutit une fois de plus à une deuxième place. “Audi était simplement plus fort”, se souvient-il.
Après trois deuxième places au Mans, Sébastien se déclare avec humour le “Poulidor des 24h.” Heureusement, la victoire arrive enfin en 2016, avec la Ford GT engagée par Ford Chip Ganassi Team USA, et co-pilotée par Joey Hand et Dirk Müller. “Nous avons tout déchiré au Mans!” déclare Sébastien à propos des efforts de l’équipe en 2016.
Evidemment, Le Mans n’est pas la seule course d’endurance au monde. Il y a d’autres pistes légendaires et Sébastien a connu de beaux succès sur plusieurs d’entre elles. Il a gagné à Spa (2010), Imola (2011), Silverstone (2011), et Zhuhai (2011) chez Peugeot; Daytona avec Ford Chip Ganassi Racing (2017); et Daytona (2014), Sebring (2015), et Petit Le Mans (2015) avec Action Express.
Vie privée
En 2006, Sébastien épouse Claire Ragot, athlète française. Ensemble, ils ont deux enfants: Emma et Alexandre. La famille Bourdais vit à Saint-Petersburg, en Floride.